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Gestion responsable d’une entreprise en tant de crise

[ Entretien avec Henri Villeroy, PDG de dormakaba France ]

En cette période de crise sanitaire, la construction et le monde du bâtiment ont été impactés et leurs activités fortement ralenties. Le déconfinement va permettre un début de reprise économique. Comment envisagez-vous votre nouvelle organisation ? 

« Le but est d’avoir l’organisation la plus flexible possible afin d’accompagner au mieux cette reprise et d’être capable de réagir rapidement à toutes les situations »
Henri Villeroy, PDG dormakaba France

Quelles ont été vos premières actions à l’annonce des mesures sanitaires prises par le Gouvernement ?

Comme tout le monde, nous avons dû gérer cela dans des délais très courts et en deux temps. Il nous a fallu d’abord réagir à l’annonce des fermetures des écoles, le jeudi 12 mars, afin que nos collaborateurs puissent au mieux faire face à la garde de leurs enfants. Nous avons donc dû organiser très rapidement le télétravail. Dès le lundi, tout le monde est venu dans l’entreprise prendre des affaires de travail, son ordinateur et un PC portable que nous avons mis à la disposition de ceux qui n’en avaient pas. Mais dès le lendemain, il a fallu de nouveau s’organiser pour l’ensemble de nos collaborateurs cette fois, puisque le confinement était annoncé. Et cela dans un flou juridique complet. Mais nous ne souhaitions pas transiger sur la santé de chacun, donc nous nous sommes focalisés là-dessus avant tout.

De quelles manières avez-vous réorganisé les missions de chacun ?

Le maître mot était d’appliquer les mesures gouvernementales et donc, de vider nos locaux pour que tout le monde reste chez soi. Nos équipes sur le terrain ainsi que certaines dans nos locaux sont restées mobilisables, avec le risque que ce ne soit pas toujours bien perçu. Nous avons communiqué un maximum, notamment en réalisant, dans les premiers jours du confinement, une newsletter interne quotidienne sur la base des informations recueillies sur le site du ministère de la Santé. Il nous fallait informer, répondre aux questions dans la mesure du possible et rassurer.

Après le volet sanitaire, vous avez dû aborder la partie économique…

Oui, rapidement, la question de la pérennité de l’entreprise s’est posée. Nous avons regardé sur quels leviers nous pouvions réaliser des économies sachant que nous avons décidé très tôt de n’avoir recours qu’aux aides de l’État réellement indispensables. Nous n‘avons donc pas sollicité de prêts, ni différé le paiement de charges, mais uniquement mis en œuvre l’activité partielle, allant de 0 à 100 % suivant les équipes. Nous avons en revanche maintenu la rémunération à 100 % pour tous nos salariés, quelle que soit leur situation effective. Nous avons par ailleurs gelé les recrutements et avons mis fin aux rares contrats d’intérim.

Nous avions la trésorerie suffisante pour payer nos fournisseurs afin de ne pas ajouter de crise à la crise. Mais concrètement, au mois d’Avril, nos prises de commandes ont chuté - pour certaines de nos activités - de 90 %, et nous enregistrons une baisse globale de chiffre d’affaires de 60 %. L’entreprise peut affronter cela d’autant que nous espérons renouer avec une activité quasi normale à partir du début du mois de Septembre.

De fait, comment allez-vous préparer et accompagner la reprise ?

Finalement, il s’agit là du défi le plus difficile. Nous avons su maintenir, pendant ces deux mois, un minimum d’activité grâce aux commandes qui avaient été passées jusqu’au mois de Mars. Cela nous a permis de ne pas rompre totalement le lien avec nos clients, ce qui je pense, va inscrire la relance de l’activité dans un schéma de continuité, et pas de rupture. D’autre part, plus prosaïquement, nous avons aménagé nos locaux et décalé les horaires pour un retour à l’activité afin de garantir, toujours, la sécurité de tous nos collaborateurs. Mais la grande question qui demeure aujourd’hui c’est quelle activité aurons-nous en mai et en juin ? Du coup, nous avons mis au point un plan d’activité partielle jusqu’à la fin du mois de juin. Plan sur lequel nous ferons un point de situation chaque semaine. Le but est d’avoir l’organisation la plus flexible possible afin d’accompagner au mieux cette reprise et d’être capable de réagir rapidement à toutes les situations. Il nous faut aussi continuer à rassurer tout en étant transparent sur la situation que nous vivons au sein de dormakaba. Et ce n’est pas un exercice facile. Il nous faut d’ailleurs accepter de ne pas être capable de prédire l’avenir !  

Allez-vous tirer des enseignements de cette période exceptionnelle ?

Il y a eu, durant ces deux derniers mois, de vastes élans de solidarité qu’il m’a semblé logique de poursuivre au sein de notre entreprise. C’est pourquoi nous proposons aux salariés de faire un don à l’Institut Pasteur pour la recherche sur le vaccin du Covid-19 et pour l’aide aux personnels soignants. Ces dons seront abondés par l’entreprise à 100 %.

En revanche, il est encore un peu tôt pour tirer d’éventuels enseignements de tout cela puisque nous sommes encore dans la gestion de la crise. Mais, ce qui est certain, c’est que nous allons ouvrir une discussion interne sur la répartition du temps de travail à domicile et en entreprise, pour, peut-être, augmenter le recours plus naturel au télétravail.

Il est évident que nous allons nous poser pour voir quelles conclusions tirer de cette période et en retenir, pour l’avenir, tout ce qu’elle a eu de positif.